Yaourt, crème fraiche et beurre

Nous y voilà. En fait de « fausse » crèmerie, je vous propose ici de vrais-yaourts, de la vraie-crème-fraiche, du vrai-beurre, tous néanmoins végétaux !

Comment ? Mais comme « pour de vrai », en utilisant la microflore ! C’est elle qui donnera le petit goût de noisette à votre beurre et votre crème, à l’instar du beurre issu des animaux ! Une flore maitrisée sera toujours une flore non pathogène, je vous invite donc à une choisir une industrielle (EDIT !) 🙂

Mais commençons par le yaourt. J’ai souvent lu qu’on ne pouvait pas créer de yaourts à partir des laits de noix. Eh ! bien, lisez ici le contraire, c’est possible, et même bien meilleur ! Pourquoi ? Tout simplement parce que dans les préparations végétales, il est pour l’heure de mise de faire cailler (le tofu est un produit merveilleux pour ce faire), mais jamais de le faire fermenter (yaourts, fromages frais, crème) ou encore… de l’affiner (fromage maison, attention danger !)

Yaourt végétal/végane

Ingrédients du yaourt (et ustensiles) :

  • Probiotique (industriel, vérifiez simplement qu’il soit sans lait animal… !)
  • Lait (de noisette pour l’exemple)
  • Un bocal étanche à l’air

Étapes :

  1. Mélanger lait et le probiotique et réserver dans un bocal hermétiquement fermé
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  2. Après 1 à 2 jours (vous pouvez mélanger entre temps) à température ambiante, la microflore a fait son effet
    Nota : il est meilleur pour la santé d’utiliser une yaourtière ou un four à la bonne température afin de minimiser les risques d’intoxication alimentaire (se reporter à votre notice d’instruction livrée avec le probiotique, en général 45°C pendant 4 à 6 heures)
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  3. Filtrez le résultat à l’aide d’une passoire et de papier absorbant (attention, ça peut prendre plusieurs heures)
    Nota : de préférence, effectuer cette étape dans un réfrigérateur, toujours par mesure d’hygiène !
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  4. Vous avez obtenu votre yaourt !
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Crème fraiche végétale/végane minute

Additionnez votre crème de coco de miso et l’effet obtenu est tout à fait convainquant !

Crème fraiche végétale/végane

La crème fraiche se fabrique de la même façon que le yaourt, mais on utilisera uniquement du lait de coco (qui est le plus riche en graisses saturées).

Il ne faut pas hésiter à mélanger le liquide lorsqu’il se sépare en eau + crème durant la phase de fermentation.

En fonction de votre désir d’une crème liquide ou plus ferme, il suffira de filtrer le résultat ou de prélever une partie de l’eau qui se sépare de la crème dans la phase de fermentation.

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La crème est filtrée (ici une cuillère a été passée dans le filtrat pour montrer l’onctuosité)

Beurre blanc – végétal

Comme pour la crème fraiche, seul le lait de coco donne un bon résultat ! Et pour info, il faut savoir que seuls les gras possédant beaucoup de graisses saturées « tiennent » à température ambiante (ou presque). C’est le cas du beurre, de l’huile de palme ou de coco, que l’on utilise surtout parce que pour presque pas d’apport d’énergie, ils se mettent à « fondre » (chocolat qui se détache sur les biscuits en appuyant dessus…).

Tant que j’y suis, dans les gâteaux au beurre, sachez qu’à partir du moment où vous faites fondre le beurre totalement, il devient inutile de le substituer par autre chose que de l’huile liquide et qu’il n’est présent que pour apporter du goût (que vous remplacerez alors par autre chose, et pourquoi pas le beurre ci-après présenté ?!). Vous rendrez alors vos gâteaux bien meilleurs pour votre santé ! 🙂

Bien, passons au beurre blanc maintenant : les étapes sont exactement celles de la crème fraiche, mais on filtrera la crème obtenue et on la laissera sécher 2 jours au réfrigérateur (sans couvercle) avant de la recueillir.

Baratter son beurre est ici inutile. J’ai déjà essayé (avec un batteur électrique) : le résultat est plus simple à filtrer, mais je n’y ai pas vu d’intérêt gustatif. Si vous n’êtes pas d’accord, indiquez moi comment et pourquoi ! Merci !

Nota 1 : Il est certainement possible d’y ajouter des grains de sel, mais j’avoue ne pas être friand de la chose et ne pas avoir envie d’essayer… (mais cela augmentera sûrement sa conservation)

Nota 2 : Régalez vous avec vos tartines ou vos radis, et rapidement, le beurre ne se conserve pas très longtemps ! 🙂

2015-01-28 12.17.442015-01-28 12.20.04Le beurre une fois détaché du filtre puis une fois tassé

Théorie & Mousse

La mousse, quelle folie me tient ?! Mais celle de la légèreté, du petit « frischt » sur la cuillère et du fondant sur la langue… La mousse, un vrai problème de vegan quand on sait que la seule mousse non cuite connue jusqu’alors, est la mousse de blanc d’oeuf !

Bien sûr, on peut utiliser une émulsion pour parvenir à ses fins, mais là encore, pas de miracle, et du gras, tant de gras. Non, très peu pour moi. Alors tout de suite je me plonge dans des blogs inconnus jusqu’ici, ceux de la cuisine moléculaire ! Eh ! oui, mais pourquoi ? Eh ! bien, pour apprendre ce qu’est une mousse, et rapidement, vous expliquer ma démarche :

Une mousse, d’un point de vue technique, ce sont deux choses : une phase discontinue (les molécules ne se touchent pas) formée de bulles de gaz, et une phase continue (les molécules se touchent) formée de pelotes de protéines. En fait, lorsqu’on bat un liquide plein de protéines, celles-ci se déroulent et s’accrochent entre elles, formant ces pelotes.

Il en existe des naturelles, sur la bière par exemple ! Mais la plus connue est celle des œufs, puisqu’elle, elle est stable ! 🙂 Et d’ailleurs, pourquoi certaines mousses sont plus stables que d’autres ? Eh ! bien, c’est lié à leur viscosité : plus elles sont visqueuses, plus elles sont stables. Notons tout de suite que je ne parlerai pas (encore ?) des écumes et espumas, trop instables pour s’y arrêter ici.

Un rapide autre petit point technique : une mousse n’est pas une émulsion (crème fouettée ou vinaigrette). Une émulsion, c’est aussi le mélange d’une phase continue et d’une phase discontinue, mais cette fois, les deux phases sont liquides. On utilise alors un tensioactif afin de stabiliser l’émulsion (une molécule qui s’attache aux deux phases et les retient ensemble, comme la lécithine, qui se lie à l’eau d’un côté, et au gras de l’autre). On peut alors introduire des bulles d’air, qui seront stabilisées par des protéines (relire ci-avant !), mais uniquement à froid.

En fonction de l’utilisation, on ajoutera divers ingrédients :

  • Épaississant : Gomme de guar. Elle permet d’obtenir une mousse plus dense
  • Texturant : Fécule. Elle permet d’assécher la mousse et d’alléger la texture
  • Stabilisateurs :
    • Crème de tartre, jus de citron, vinaigre
    • Sucre
Mousse de pois chiches

Mousse de pois chiches

Pour obtenir ces substrats : voir les pages Mousses crues

Et maintenant, un peu de pratique avec la meringue, biscuits, îles flottantes et même génoises !

ADDENDUM : Un lecteur avisé me fait remarquer que l’eau de trempage contient des glucides. Après plusieurs tentatives d’information de ma part dans le vaste de monde de l’internet, je dois m’avouer, pour l’heure, vaincu : je ne sais pas ce que contient exactement ce liquide (glucides, protéines ou encore, glycoprotéines). Et pourtant, « elle mousse ».
Vous connaissez un chimiste ? Forcez le à nous dire quels nutriments sont responsables de cette mousse, et nous le bénirons 🙂